Résumé |
Jonathan Safran Foer fait partie de ces écrivains inventifs qui conçoivent la littérature comme "un désordre des dents". Maniant le verbe avec une rare dextérité, il fait subir au langage toutes les distorsions possibles sans que cela jamais ne vire à l'exercice de style ou à l'incompréhension fumeuse. Parce que ce jeune auteur américain a trouvé en littérature le meilleur prétexte qui soit pour nous entraîner à la suite de ses phrases à l'humour foudroyant : une histoire à raconter. Une histoire pleine d'accidents banals et d'incroyables résurrections, de bébés sauvés des eaux, d'étudiants égocentriques, de vieillard malheureux, de rabbins pernicieux. De moments graves aussi. Une histoire donc. Alex, un jeune Ukrainien, vivant aux crochets de sa famille, collectionnant selon ses dires, filles et succès, est entraîné par son père dans un voyage improbable à travers le pays : guider un écrivain juif américain, Jonathan Safran Foer lui-même à la recherche de ses origines et d'un village détruit en 1941 par les nazis. Si vous ne dépassez pas le premier chapitre (impossible), vous vous direz que l'auteur a bien du talent et de l'humour, pour faire s'exprimer de la sorte son personnage. En entamant le second chapitre, vous penserez que Jonathan Safran Foer est un écrivain profond, véritable, qui aurait bien du mal à dissimuler ses qualités. Et que dans le difficile exercice d'un premier roman cultivant tous les styles, inventif ou solennel, riche ou effilé jusqu'à l'essentiel, ce nouvel auteur américain frise le génie. --Hector Chavez Situé de nos jours, en Ukraine, ce livre raconte les aventures d’un jeune écrivain juif américain – « Jonathan Safran Foer » – en quête de ses origines. Guidé par un adolescent semi-illettré, Alex, par un vieillard et un chien, il sillonne la région à la recherche des vestiges d’un mystérieux village détruit par les Nazis en 1941. Mais soudain le récit bascule, et nous voici projetés dans un autre monde : du 18 mars 1791 au 18 mars 1942, c’est la chronique terrible et fabuleuse d’un shtetl appelé Trachimbrod qui se déroule sous nos yeux – un shtetl qui n’est peut-être que la version légendaire du mystérieux village… Peuplé d’enfants trouvés, de rabbins kabbalistes, d’amoureux en proie à la fureur érotique, cet admirable roman s’inscrit dans une tradition où la bouffonnerie est souvent l’ultime expression du sacré. Mais c’est aussi un tour de force littéraire d’une stupéfiante modernité. Passant avec allégresse du mystique au profane, du rire aux larmes et du broken English au grand style, Tout est illuminé est un acte de foi envers le Roman, dans toutes ses dimensions. « Il est manifeste que l’auteur de ce premier roman est un jeune homme prodigieusement doué. Et – ce qui est plus rare – qu’il semble posséder une sorte de sagesse. Lisez-le. Absolument. » Russell Banks Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso. Le premier roman de Jonathan Safran Foer est si maîtrisé que plus d'un éditeur a douté de l'identité de son auteur. N'y avait-il pas là, caché sous un pseudonyme, un monstre sacré de la littérature ? Eh bien, non. L'auteur est bien ce gringalet à lunettes, sorte de Lauréat new-yorkais, voisin et maintenant ami de Paul Auster et d'Art Spiegelman ... Parti pour retrouver les traces de sa famille, le héros, affublé du nom même de l'auteur, extirpe de la poussière l'ordinaire de l'ex-Union soviétique et la mémoire d'un shtetl, village juif anéanti par les nazis. Les anecdotes et les fulgurances s'y croisent dans une compulsion talmudique et, plus encore, dans une écriture baroque, sorte de verlan d'analphabète transmué en prose dorée sur tranche. Louons, au passage, l'exceptionnel travail des traducteurs. Bref, ce texte illumine, aveugle par son savoir-faire et son incoercible liberté. |