Résumé |
C'est l'histoire d'une valise et d'un blouson ; c'est l'histoire de Djema et de Houari, pourquoi rentrent-ils en Algérie ? ; c'est l'histoire de Camille Gauthier-Langeron qui a écrit de nombreux autres romans sous un autre nom, un nom d'emprunt, et qui désormais " habite son nom " et le texte de toutes ses épreuves, larguée qu'elle est par les siens, Eric, vingt ans d'heureuse captivité, et par l'actualité, pourquoi revient-elle, fin du parcours de ce roman, au fond de la cour ? Comment survivre à tant d'affectueuses ingratitudes ? La cruauté irait-elle se nicher jusque, et surtout, dans l'affection ? Avec ce roman posthume écrit en 1992, Yves Navarre (1940-1994) dit adieu à la littérature. Virtuose dans l'ail du dédoublement, il met ici le point final à une pratique qui n'arrivait plus à le sauver. Le roman est suivi d'un journal de relecture, texte dur et nu dans lequel, à travers les derniers masques qui tombent, s'élève le chant final d'un auteur meurtri. Yves Navarre a publié de nombreux romans, dont Le jardin d'acclimatation, prix Goncourt 1980. Son livre précédent, La Ville atlantique, est paru en 1996 (Leméac/Actes sud). Ce roman, écrit en 1992, est un inédit de l'écrivain mort en 1994. Trop visible et directe transposition au féminin, l'histoire raconte les amours déçues de Camille qu'un homme a quittée mais qui bientôt en rencontre un autre. Plus passionnant est le "journal de relecture" que tient Navarre au cours de l'élaboration du texte définitif. Dans cette confession brute et brève, authentique et poignante, l'homme Navarre se livre à nu et dit sa détresse, celle d'un auteur qui connut le succès sans admettre ses répercussions et ses obligatoires accommodements. Dans ces quelques pages est résumée la solitude d'un écrivain idéaliste, candide parfois, soudain lucide. Camille Gauthier-Langeron, écrivain sous un autre nom, doit tout réapprendre suite à une congestion cérébrale, et au départ de son compagnon de vingt ans. En recommençant à écrire, elle se met à "habiter son nom". Sur sa trajectoire, elle rencontre Djema et Houari, qui rentrent en Algérie après toutes ces années. Avec ce roman bouleversant, sans concession, sur le deuil, la vie et l'écriture, Yves Navarre fait ses adieux à la littérature, qui "n'arrive plus à le sauver". Un "Journal de relecture", dans lequel l'auteur meurtri corrige son manuscrit, vient compléter ce magnifique roman posthume. Brisée par une rupture et une longue maladie, Camille commence à écrire un nouveau roman. Elle se trouve mêlée par hasard à une autre histoire que la sienne, qui la conduit en Algérie, vers un apaisement possible. |