Résumé |
"Le nouvel État qui les avait absorbés introduisit dans leur existence les lois du monde concentrationnaire ; le principe de sociabilité fut remplacé par celui de la soumission générale, inconditionnelle, à une abstraction creuse, dépourvue - comme on pouvait facilement le deviner - de tout contenu positif. La bannière de cet État affichait des mots tels que "classe ouvrière", "nation", "socialisme", mais sa véritable nature se révélait dans l'image qu'il brandissait comme un gonfalon sacré, car il s'incarnait également en un seul individu - et quel individu -, un spécimen qui semblait avoir été expressément choisi pour illustrer la déchéance ultime de l'humanité." Unité de lieu : un petit royaume ancestral d'Europe du Nord où l'esprit de rigueur et de simplicité protestantes règne en maître. Unité de temps : la Seconde Guerre mondiale. Unité d'action : la folie hégémonique du Grand Reich et l'occupation dudit royaume par ses armées. Plongé dans un sentiment d'irréalité qui ne le quitte plus, le monarque Cédric X n'oppose aucune résistance à l'envahisseur et courbe l'échine. Le jour où les Juifs de son minuscule royaume sont sommés de porter l'étoile jaune, il décide de s'octroyer quelques minutes de liberté… On pourrait le croit anodin, il n'en est rien. Roman philosophique, parabole sur la responsabilité individuelle, mais également réflexion sur la valeur et la beauté d'un geste, L'Heure du roi est une œuvre d'intelligence d'une bouleversante efficacité. "Le cours des événements, pas plus que le mouvement des astres, ne dépend de quiconque, bien sûr. Sommes-nous pour autant impuissants devant cet ultimatum permanent ? L'impuissance nous décharge de notre responsabilité, mais envers qui ? Envers les autres ; mais nullement envers nous-même". Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le Grand Reich envahit une multitude de pays, grands et petits ; le tour vient du royaume ancestral, minuscule et glacé de Cédric X. Le roi et ses sujets baissent la tête et subissent le joug de l'envahisseur. Le vieux roi voit tous les jours s'amenuiser la liberté, le sens de ce qui a constitué non seulement toute sa vie, mais aussi celle de sa lignée, qui remonte fort loin dans les brumes du temps. Longtemps, lui et ses sujets vont accepter l'humiliation, courber l'échine, jusqu'au jour où dans la petite nation, également, les juifs sont tenus de porter l'étoile jaune. Né en 1928 à Leningrad, condamné en 1949 à huit ans de travaux forcés pour "propagande anti-soviétique", écrivain clandestin exilé en Allemagne en 1982, Boris Khazanov a reçu en 1998 le prix "Littératures en exil" de la ville d'Heidelberg. |