Résumé |
Bérénice Einberg est née d'une mère catholique polonaise et d'un père juif qui ont décidé de se partager l'éducation des enfants. Elevée dans une abbaye désaffectée sur une île du grand fleuve canadien, elle sera juive comme son père, tandis que son frère Christian sera catholique pratiquant. Alors que chacun des parents tente de lui inculquer ses valeurs et sa religion, elle se rebelle. Tout au long de ce roman loufoque, représentatif des contradictions humaines, dont le personnage oscille entre New York, Israël et son île, entre ses parents séparés puis réconciliés, entre ses lectures pornographiques et son refus d'être caressée, entre son amitié pour une copine surnommée " la Lesbienne " et sa lâcheté lorsqu'elle s'en sert de bouclier à la guerre dans laquelle elles combattent en Israël, Ducharme brosse le portrait d'une jeune fille qui refuse de se faire avaler par le monde qu'elle découvre en grandissant. Ce très grand roman que Gallimard, en 1966, accepta spontanément de publier sans savoir d'où en provenait le manuscrit, et qui obtint quatre voix au Goncourt sans que personne n'ait aucune idée de son auteur, est signé par l'écrivain québécois le plus mystérieux et sans doute le plus important de sa génération. " Tout m'avale... Je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère... ". Les enfants en mènent large. Ils peuvent dire pis qu'aimer, pis que pendre. Ils ont tous les droits. Entre vingt et vingt-trois ans (l'âge de ce roman), on a toutes les lois, toutes en même temps. Si on est doué, on les apprend. Si on n'est pas content, on se déprend, en se souvenant, en imaginant. |