Résumé |
Pierre Michon n'est pas le biographe de Rimbaud. Il ne cherche à ajouter aucun chapitre, aucune ligne aux hagiographies et études existantes. Simplement, il enfile la personnalité du poète, se glisse dans l'intime de son écriture, tâchant de rejoindre, en définitive, la sienne. À coups de "on dit que" ou "on ne sait si", il parcourt, commente, hésite, rêve, abandonne, reprend l'aventure d'Arthur Rimbaud. Il ne donne aucune réponse, ne résout rien, mais s'interroge (en même temps qu'il interroge le jeune poète) : qu'est-ce qui pousse un homme à écrire ? À rechercher l'excellence ? Qu'est-ce qui fait soudain mûrir ses vers, "autant que s'il avait écrit d'un seul trait de plume La Légende des siècles, Les Fleurs du mal et La Divine Comédie" ? Le regard de Pierre Michon sur le "jeune versificateur bien doué, roué et hugolâtre" est délectable. Car il vibre de son désir de dire la genèse de sa propre écriture et, partant, de toute création. Pierre Michon est l'auteur de Vies minuscules (prix France Culture 1984) et Maîtres et serviteurs. --Laure Anciel "Qu'est-ce qui relance sans fin la littérature ? Qu'est-ce qui fait écrire les hommes ? Les autres hommes, leur mère, les étoiles, ou les vieilles choses énormes, Dieu, la langue ? Les puissances le savent. Les puissances de l'air sont ce peu de vent à travers les feuillages. La nuit tourne. La lune se lève, il n'y a personne contre cette meule. Rimbaud dans le grenier parmi les feuillets s'est tourné contre le mur et dort comme un plomb." |