Résumé |
En plein hiver à Paris, Titi, un SDF, est retrouvé mort sur le banc d'une station de métro. Rico, son seul pote, voit le corps enlevé par les pompiers. A bout d'espoir, cet ancien cadre commercial d'une quarantaine d'années, décide de partir à Marseille. "A mourir, autant mourir au soleil". Tout le long de son trajet, il rumine l'échec de sa vie et rencontre d'autres SDF, aux galères aussi implacables que les siennes: l'ancien vigile Nono-la-Dent, Félix devenu presque muet, Mirjana, la jeune Bosniaque qui s'efforce de survivre. A Marseille, Rico aimerait juste revoir Léa, son premier amour. Il s'installe dans un bâtiment désaffecté des docks. Le drame se noue autour d'un braquage minable, de soûleries et d'un meurtre. Jean-Claude Izzo avertit le lecteur, son roman n'est pas purement imaginaire, il dit avoir seulement poussé à bout les logiques du réel. Et inventé des noms et des histoires pour "des êtres dont le regard même nous est insupportable. C'est dire qu'à lire ces pages n'importe qui peut se reconnaître. Les vivants et les mourants". Ce roman sur les nouveaux clochards pose un regard lucide et réaliste sur notre monde. Jean-Claude Izzo est né à Marseille. Il a été journaliste et a publié trois romans dans la Série noire (Total Kheops, Chourmo et Solea) et, chez Flammarion, Les Marins perdus. Ce qui intéresse Jean-Claude Izzo, ce n'est pas tant de décrire que de comprendre la misère. Alors, quand il décide d'écrire la déroute de Rico, un SDF, il remonte aux sources, aux causes quasi imperceptibles bien qu'enracinées dans le quotidien. Ainsi, pour Rico, tout commence lorsque Sophie le quitte et qu'il finit par se quitter lui-même, se retrouvant très vite à la rue. C'est alors la débrouille pour se chauffer le coeur et les os. C'est son ami Titi, qui meurt emporté par l'hiver. Et c'est surtout cette idée : quitte à mourir, autant le faire au soleil et dans la ville de Léa, son premier amour. Après sa trilogie publiée dans la Série noire Total Khéops, Chourmo, Solea, Jean-Claude Izzo amorçait déjà un premier changement avec Les Marins perdus, délaissant Fabio Montale, ses enquêtes et le polar, et préférant le roman noir mais profondément poétique et humain. Le Soleil des mourants, achevé peu avant sa propre mort, confirme ce besoin grandissant qu'était le sien de s'approcher toujours plus près de la vérité nue, toujours plus près du soleil. --Laure Anciel "Le Soleil des mourants" ... est un hymne au roman populaire - raconter une histoire au plus grand nombre. Sa narration est naturelle, subtilement construite. Jean-Claude Izzo a fait le choix d'une langue spontanée, aussi crue qu'émerveillée. Le romancier nous fait vivre en direct l'existence des galériens de la rue, les impose comme nouvelle figure de la littérature, exprime avec une rare sensibilité l'implacable destruction de l'identité, l'humiliation, la solitude, la violence, la souffrance, la peur, et la mort, cette rôdeuse omniprésente. Izzo écrit avec des larmes, avec une rage folle, déverse ses trop-pleins d'amertume, de tendresse, de révolte. Le conteur qu'il est se cogne la tête contre l'absurdité et nous assène des coups au ventre. Il boxe avec les sentiments. Sincère jusque dans ses débordements, généreux jusque dans sa maladresse. Lorsque les pompiers évacuent le corps de Titi, son seul vrai copain de galère mort sous un banc de la station Ménilmontant, Rico décide de foutre le camp. De quitter Paris, pour le Sud. A mourir autant mourir au soleil. Dans l'hiver glacial, Rico rumine l'échec de sa vie. Son divorce. Son fils, Julien, qu'il n'a plus le droit de voir. L'engrenage qui l'a jeté à la rue. Sur la route, Rico croisera Félix, qui " tape le ballon ", ne parle presque plus, a perdu la notion du temps. Et puis Mirjana, une jeune Bosniaque paumée, fauchée, prostituée pour survivre, dit-elle, puisqu'elle est déjà morte. Et puis d'autres, eux aussi vaincus par la vie. A Marseille, il voudrait revoir Léa, le premier amour de Sa jeunesse. Qui a dit que l'espoir est au bout du chemin ? |