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La belle histoire des assiettes - Sarreguemines, 1836-1918

Titre La belle histoire des assiettes - Sarreguemines, 1836-1918
Auteur Philippe Hamman
Editeur Serpenoise
Année 2007
Format broché
ISBN 9782876927438
Rubrique Livres / Art et culture / Histoire de l'art
Résumé Cet ouvrage étudie une importante entreprise lorraine, la faïencerie de Sarreguemines, durant une large deuxième moitié du XIXe siècle. La considérable production d'assiettes à décors de cette fabrique constitue le support original de l'analyse d'un paternalisme patronal et politique très abouti localement. Croiser les points de vue des patrons et des ouvriers, des notables et des citoyens, devient possible par ce canal iconographique très suggestif, dont l'auteur examine plus particulièrement trois déclinaisons : d'abord, les assiettes à thèmes "moralisateurs" produites des années 1850 à la Première Guerre mondiale, puis celles à visée de propagande bonapartiste éditées à partir de 1836 et sous le Second Empire, enfin les vignettes francophiles réalisées durant la période de l'annexion allemande, de 1871 à 1918. Les assiettes sont réalisées de leurs mains par les ouvriers, à l'initiative de leurs patrons et destinées à être vendues : par ses spécificités, cette source offre une entrée suggestive et complémentaire de la plupart des archives écrites ; via le dessin, le lecteur entre ici en contact privilégié avec les hommes au travail et la société du XIXe siècle. Philippe Hamman est Maître de conférence de sociologie à l'UFR Sciences sociales de l'Université Marc Bloch Strasbourg 2 et chercheur au Centre de Recherche et d'Etude en Sciences Sociales (CRESS, EA 1334). Il est un spécialiste reconnu du paternalisme patronal et politique dans les espaces frontaliers de la France de l'Est, objet de plusieurs de ses ouvrages et de très nombreux articles de référence, que vient prolonger ce livre richement illustré. Extrait du livre : REGARDS SUR UNE ENTREPRISE A TRAVERS SA PRODUCTION Sarreguemines, chef-lieu d'arrondissement de la Moselle-Est, frontalière avec l'Allemagne, doit largement son essor et sa notoriété à l'implantation d'une manufacture de faïence en 1790. Après des débuts difficiles au temps de la Révolution Française et l'échec du premier régisseur, la manufacture bénéficie d'une certaine prospérité durant les années 1800-1830, sous l'impulsion du directeur François-Paul Utzschneider (Hiegel & Hiegel, 1993-1996 ; Bolender, 2004), célébré pour être le fondateur de l'entreprise «dynastique» (Hamman, 2000). En 1836, des embarras financiers le contraignent toutefois à céder sa place à son gendre, le baron Alexandre de Geiger, héritier d'une famille de dignitaires du Premier Empire. Celui-ci rompt avec la logique d'autofinancement pour ouvrir massivement le capital de l'entreprise à des fonds extérieurs, provenant notamment des faïenciers voisins Villeroy & Boch (Thomas, 1973). II assure ainsi le véritable «décollage» de la fabrique. Des années 1 840 au début du XXe siècle, la petite manufacture «traditionnelle», caractéristique de la proto-industrialisation en milieu rural (Espagnet, 1981, pp. 1 71-180), se transforme en une grande entreprise industrielle. Les capacités de production sont démultipliées et l'on entre dans l'ère de la fabrication de masse : alors qu'elle atteignait en 1 841 une valeur de 420 000 F, ce chiffre passe à 6 590 000 F en 1914. La production et le commerce de la faïencerie connaissent un accroissement très sensible sous le directorat d'Alexandre de Geiger, de 1836 à 1870 (Hiegel & Hiegel, 1993-1996). Ce mouvement d'industrialisation fait des assiettes décorées un support efficace de diffusion des conceptions «morales» patronales, et de propagande politique, tant au niveau local que national. L'importance des combustibles utilisés à la faïencerie et leur évolution à partir du milieu du XIXe siècle rendent compte des transformations des processus de fabrication. En faisant construire de 1 839 à 1 844 de nombreux fours Hovel, A. de Geiger améliore notablement la cuisson à la houille, débutée en 1830. Ceci lui permet dès 1844 d'augmenter sa production, car, provenant des bassins proches, de la Sarre et de la Moselle, ce combustible est bon marché. En 1 849, la faïencerie emploie 8 000 t de houille pour ses 18 fours ; en 1861, 16 000 t de houille et 12 000 t de bois y sont consommées. La progression est constante : la quantité de houille utilisée atteint les 20 000 t en 1866, puis 24 000 t en 1867. Cette même année, le rapport de l'Exposition industrielle de Paris relève que la fabrique «se compose de trois immenses agglomérations de bâtiments, où chauffent constamment quarante fours, absorbant chaque année près de 30 000 t de houille». Le développement industriel transparaît également à l'étude des quantités de matières premières employées par l'entreprise. En 1841, elles s'élèvent à 1 560 t, et atteignent en 1 849 les 6 000 t de «terres, feldspath, quartz, borax et minium», selon le rapport de l'Exposition de Metz. Cette augmentation se poursuit sous le Second Empire, pour s'établir à 7 000 t en 1861 puisa 10 000ten 1866. De plus, la valeur des pièces réalisées s'élève en 1841 à 420 000 F, ce qui vaut à la fabrique d'être qualifiée par l'administration départementale comme «l'une des plus importantes de France». Cela est confirmé en 1847 : la production atteint une valeur de 450 000 F, si bien que le département de Moselle se place au premier rang français pour l'industrie de la faïence, devant la Nièvre. Les troubles de 1848 n'ont pas durablement touché l'entreprise puisque, si l'on en croit le rapport du sous-préfet du 9 avril 1849, «la fabrique livre une production annuelle de 1 880 000 kg de marchandises pour une valeur de 500 000 F en prix réel». Sous le Second Empire, la fabrique produit 6 400 t de céramiques en 1865. Toutes marchandises confondues, le niveau total pour l'arrondissement de Sarreguemines s'élève à 8 372 t, ce qui révèle une place dominante par rapport aux autres entreprises locales (peluches, allumettes, chicorée, coffres-forts, briqueterie et tannerie). En 1867, la production de la faïencerie est estimée entre 3 800 000 F et 4 000 000 F.
Où ? Stockage
Prix 30,00€
Etat Très bon
Réf interne 25126