Résumé |
"Je suis radine mais j'aimerais ne pas l'être. La première victime de ma radinerie, c'est moi. En effet je crois que vivre c'est dépenser, jouir, donner sans compter. Surtout, ne pas compter. Je peux me mettre en colère contre moi. Je peux réagir contre. Il n'en reste pas moins : mon premier instinct, c'est d'être radine. Je finirai comme grand-maman : invitant les autres, donnant, payant avec mon fric laborieusement économisé. Je serai la femme-qui-paie-plus-vite-que-son-ombre mais je resterai la radine : celle qui calcule. Parfois je me demande si c'est par radinerie aussi que j'écris. Pour que rien ne se perde. Pour recycler, rentabiliser tout ce qui m'arrive. Pour amasser mon passé, le constituer en réserve sonnante et trébuchante. Pour y entrer comme dans une salle au trésor et contempler mes pièces d'or. Pour investir et faire fructifier mon capital de sensations et de douleurs." Catherine Cusset. Foin de pingrerie : somme toute, la confession de Catherine Cusset, une fille moins mesquine qu'elle le dit, est assez magnanime. Ce petit livre, comme refilé en soldes, est un acte de générosité. Un cadeau pour elle, dont a sans doute dosé le plaisir pervers. Un cadeau pour le lecteur, tant ce récit impudique est régal d'humour et de prose sans effets gratuits. Un cadeau pour la littérature : voir la chute du roman, pied de nez d'une spéculatrice qui avoue donner peu d'elle-même. |