Résumé |
C'est pendant la guerre, avec la création de La Reine morte, que Montherlant, célèbre depuis une vingtaine d'années déjà pour ses romans et ses essais, se fait connaître sur la scène française. Persuadé que la tragédie est l'une des clefs pour déchiffrer l'énigme des agissements humains et des rapports entre les êtres, Montherlant ressuscite avec La Reine morte la grande tragédie, mêlant conflits politiques et affrontements familiaux, dressant pour l'éternité dans une lutte à mort le fils contre le père. On connaît l'argument : un roi, très malade, fait tuer la femme, Dona Inès, que son fils Don Pedro a épousée secrètement. Il meurt devant le cadavre de "la reine morte". L'INFANTE : Je ne suis pas encore parvenue à comprendre comment on peut aimer un homme. Ceux que j'ai approchés, je les ai vus, presque tous, grossiers, et tous, lâches. Lâcheté : c'est un mot qui m'évoque irrésistiblement les hommes. INES : N'avez-vous donc jamais aimé, Infante ? L'INFANTE : Jamais, par la grâce de Dieu. INES : Mais sans doute avez-vous été aimée ? L'INFANTE : Si un homme s'était donné le ridicule de m'aimer, j'y aurais prêté si peu d'attention que je n'en aurais nul souvenir. |